Dans les années à venir, peu d'entre nous oublieront les semaines insolites de mars 2020. Les trains inoccupés, les rues désertes, des rayons de supermarché vides. En cet instant, alors même que nous évaluons la gravité de la situation, la peur et la panique se répandent infiniment plus vite que le virus lui-même.
En tant qu'êtres humains, nous sommes mal à l'aise face à l'incertitude. Nous avons besoin de comprendre ce qui se passe autour de nous, et d’identifier les menaces. Livrés à l’inconnu, nous sommes stressés et inquiets.
À l'heure actuelle, nombreux sont ceux préoccupés par le coronavirus Covid-19. Les réactions à la crise en cours comprennent des sentiments de peur, d'accablement, d'impuissance face à la situation et de désespoir. Les personnes souffrant de problèmes de santé mentale tels que les TOC (troubles obsessionnels compulsifs) ou encore l'anxiété généralisée sont encore plus touchées.
L'Organisation Mondiale de la Santé a conseillé à ceux qui sont enclins à se sentir anxieux ou stressés d'éviter de regarder, lire ou écouter les informations qui accentuent ces états.
Au cours de son histoire, la communauté Ismailie a surmonté de nombreux défis dans diverses parties du monde. Une crise mondiale comme celle-ci offre l'occasion d’unir nos forces et d’affronter l’épreuve avec espoir et détermination en tant que One Jamat.
Un sentiment d'espoir
Dans un discours prononcé au Collège Aiglon en Suisse en 2014, Mawlana Hazar Imam a évoqué la force de l’espoir en période d'incertitude :
"Et vous vous demandez certainement comment vous pourriez, en tant qu’acteurs infiniment petits sur la scène mondiale, susciter des changements positifs pour vous, vos familles, vos pays. Ma réponse est : avec l'espoir. Par bonheur, à l’instar de la peur, l’espoir peut aussi être contagieux. Lorsque des individus, des familles et des communautés, voire même des nations, se rassemblent autour d'un nouvel espoir... ce nouvel élan peut être inarrêtable. Le froncement de sourcils cède la place au sourire. Le dialogue remplace le silence. La peur de l'avenir s’estompe devant la confiance de pouvoir faire face à ses défis".
Hazar Imam poursuit en disant que "le processus effectif qui consiste à remplacer la peur par l'espoir incombe à chaque individu dans sa société... Et que ces derniers peuvent devenir une source formidable de force grandissante et de réconfort les uns pour les autres. J'espère que cela vous arrivera".
Dans l’incertitude présente, il y a des raisons d'être optimiste. Les recherches scientifiques ont montré qu’il y a 15 fois plus de personnes qui se rétablissent du Covid-19 que le contraire. En d'autres termes, la grande majorité des personnes qui contractent la maladie survivront et, fort heureusement, les enfants ne sont majoritairement pas touchés.
En outre, tandis que le nombre de cas confirmés en Europe et en Amérique du Nord augmente, ce même nombre décroît dans les pays d'Asie de l'Est où le virus s'est d’abord implanté.
S'exprimant sur la propagation du virus, Shafik Sachedina, Chef du Département des Institutions Jamati, a déclaré : "La science nous dit que cette crise va passer. Cela peut prendre du temps et aura probablement un impact considérable, mais elle finira par passer". En attendant, en tant que Jamat global et citoyens responsables, il est de notre devoir de communiquer de manière responsable et de prendre soin les uns des autres pendant cette période difficile".
Communiquer de manière responsable
Nous devons faire acte de prudence par rapport aux informations que nous consommons et partageons. Plutôt que de tout partager "tel quel", il est plus logique de marquer un temps d’arrêt et de se demander si le message est authentique ou non. Plutôt que de répandre inutilement la peur, nous pourrions susciter l'espoir.
Un certain nombre de messages non vérifiés et incorrects ont circulé dans le Jamat sur WhatsApp. Partager de fausses informations peut être néfaste et dommageable pour soi-même et pour les autres. Si vous recevez de tels messages, arrêtez-vous et interrogez-vous sur leur origine, leur contenu et leur exactitude avant de les transmettre.
Des informations erronées prétendant provenir d'organisations réputées telles que l'UNICEF et l'Université de Stanford et contenant des conseils pour éviter le virus ont été partagées des milliers de fois, ainsi que de faux remèdes et traitements.
La vérité est qu'il n'existe actuellement aucun remède connu. Des informations fiables peuvent être obtenues auprès des sources officielles du gouvernement et des ministères de la santé. Les emails et réseaux sociaux du site TheIsmaili et des institutions Jamati nationales sont également des sources d'information fiables.
En l'absence actuelle de remède, la protection des personnes vulnérables est cruciale pour atténuer l'impact négatif du virus Sars-CoV-2. Aidons-nous et soutenons-nous les uns les autres.
Prendre soin des autres
En tant que communauté, les Ismailis ont toujours su prendre soin les uns des autres dans les moments difficiles. Au cours des jours et des semaines à venir, nous devrions porter notre attention sur les membres les plus vulnérables de nos familles, de notre voisinage et de la société en général.
Comment pouvez-vous aider une personne âgée du Jamat ou un membre souffrant d'une pathologie particulière ? Par exemple en lui livrant produits alimentaires et fournitures si cela ne présente pas de risque, en lui prenant un rendez-vous médical, en apportant la bonne information ou en passant du temps avec lui ou elle au téléphone. Si des écoles sont fermées, pouvez-vous vous occuper d'un enfant pendant que ses parents sont au travail ?
Les aides-soignants devraient prendre des précautions additionelles et les familles devraient disposer d'un plan de secours dans le cas où l’aide-soignant principal tomberait malade. Il a été démontré que l'auto-isolement produit des résultats positifs dans de telles situations.
Tout cela peut sembler ennuyeux voire même effrayant, mais il y a une autre façon de voir les choses. On nous encourage souvent à dénicher des opportunités dans une crise. Cela pourrait bien être l'occasion de voir les choses autrement et de sortir de la routine.
Trouver une opportunité
Une opportunité dans ce cas particulier pourrait consister à passer plus de temps à apprendre. Le monde numérique offre de nombreux avantages. En étant connecté à internet, il n’a jamais été plus simple de s'instruire ou d’essayer quelque chose de nouveau.
Plutôt que de vous inquiéter de choses sur lesquelles vous n’avez pas de contrôle, vous pourriez choisir de passer du temps à apprendre une nouvelle langue, essayer une nouvelle recette, apprendre à jouer d’un instrument de musique ou vous adonner à un nouveau passe-temps comme le tricot, la peinture ou la méditation.
De plus, le fait que vous ne puissiez pas rendre visite à des êtres chers ne vous empêche pas de rester connecté avec eux. Le fait de ne pas être à l’école ou au travail vous permet de contacter vos amis et votre famille, de vous assurer qu’ils s’ajustent bien ou qu’ils sont suffisamment préparés à toute éventualité, et de partager avec eux un peu d’espoir quant à l’avenir.
Avec le temps, nous risquons de nous retrouver plus isolés que de coutume, mais nous n’en sommes pas pour autant seuls ou livrés à nous-mêmes. Pratiquer sa foi par la prière personnelle peut renforcer notre résilience et notre courage.
Des semaines éprouvantes nous attendent, mais nous ne sommes pas seuls sur ce chemin difficile. De tels moments présentent une opportunité de renforcer notre sens communautaire. En tant que Jamat global, nous avons la chance d'avoir des frères et sœurs tout près et plus loin, partout dans le monde. Nous partageons tous le même fardeau.
Lorsque le temps viendra de nous remémorer les semaines insolites de mars 2020, le monde aura beau nous sembler très différent, notre sens communautaire sera quant à lui bien éternel.