Femmes en exil



Conseil pour la France - 67, rue de Prony - 75017 Paris - Tél. 01 47 63 23 02
Mardi 20 juin 2023

English version below


Femmes en exil

À l'occasion de la Journée Mondiale des Réfugiés

Le 20 juin 2023

Les femmes représentent la moitié des personnes déplacées dans le monde. Cette proportion se confirme depuis une dizaine d’années : selon les données des Nations-Unies, elles sont 50,5% en 2020. En France, en 2020 les femmes étrangères représentaient 52% de l’immigration et 1/3 des demandes d’asile enregistrées à l’OFPRA (Office français de protection des réfugiés et des apatrides) concernaient des femmes.

 
CENTRE PRIMO LEVI, vivre après la torture

Le Centre Primo Levi accueille des personnes ayant subi la torture ou la violence politique dans leur pays d’origine, exilées en France, quel que soit leur statut administratif.
Sont reçus des adultes, des enfants et des adolescents (en famille ou isolés).
Les soins sont gratuits et sur rendez-vous.

 

 
 
Contact :
Tél. 01 43 14 88 50
E-mail : [email protected]

 
Lire le rapport du Centre Primo Levi (pdf) :
Femmes exilées, une violence continue

 
 

Les causes de l’exil des femmes peuvent être très diverses. Les motifs les plus fréquents sont les conflits armés où le viol est une arme de guerre, les mariages forcés, les mutilations et les violences intra-familiales, conjugales, sexuelles. L’exil leur permet d’échapper à des situations dangereuses et de s’inscrire dans une quête de liberté et d’autodétermination. Des femmes éduquées dans leur pays d’origine et diplômées dans des secteurs divers peuvent également avoir à fuir des violences en lien avec leur genre, des répressions politiques, soit en lien avec l’engagement politique d’un proche, soit en raison de leur propre désir d’émancipation.

Emprisonnées, torturées, violées, mutilées dans leur pays, elles choisissent de partir. Elles savent ce qu’elles vont perdre : leur pays natal, leur famille, leur langue, leur culture, leur métier, leurs rêves. Elles partent au péril de leur vie car elles aspirent à une vie libre, pour elles-mêmes et pour leurs enfants.

Tout au long du parcours, différent en fonction du pays de départ, elles seront encore exposées aux violences. Nombre d’entre elles, sinon toutes, vont subir les violences sexuelles des hommes dont elles seront tributaires pour le voyage.

Une fois en Europe, une nouvelle forme de violence les attend : la précarité de la rue. Même dans les hébergements, lorsque ceux-ci sont mixtes, elles peuvent être victimes de violences sexuelles. En juin 2018, le Haut Conseil de l’Egalité hommes – femmes a préconisé la création d’hébergements non-mixtes dans les CADA et engagé la formation des différents professionnels de l’asile (CADA et OFII) sur la thématique de la vulnérabilité, de la violence et de l’exploitation sexuelle. En 2019, 300 nouvelles places sont dédiées aux femmes en danger, réfugiées ou demandeuses d’asile. En 2021, le plan Vulnérabilité, publié par le ministère de l’Intérieur, renforce ces dispositions. Cependant, cela reste insuffisant.

Violence, encore, de la procédure de demande d’asile : Elles vont devoir prouver au cours de leur entretien, qu’elles méritent asile et protection. Elles doivent dire les actes de torture ou de persécution et prouver qu’elles risquent leur vie en cas de retour au pays. Or elles sont plongées dans une souffrance indicible : comment prouver ? Comment mettre des mots sur ce qu’elles ont vécu dans leur corps, humilié, torturé, violé ? 28,8 % des demandes ont été acceptées en 2022 à l’OFPRA et 21,5 % après recours auprès de la CNDA (Cour nationale du droit d’asile).

Ces violences entraînent des traumatismes graves.

 

« L’homme qui répare les femmes » Dr Denis MUKWEGE


Le Dr Denis MUKWEGE est un gynécologue congolais qui a dédié sa vie aux soins des femmes et des filles victimes de viols et de mutilations utilisés comme arme de guerre au Congo.
Il a opéré plus de 50 000 femmes. Il leur apporte une aide médicale mais aussi psychique, économique et juridique.
Il a reçu le Prix Nobel de la Paix en 2018.

 
 
Cliquez sur l'image pour voir la bande annonce du film sur le Dr Denis Mukwege.


 

Les soins spécifiques, physiques et psychiques sont indispensables ainsi que l’accompagnement social. Les douleurs physiques, les symptômes gynécologiques nécessitent une approche sensible et délicate pour la reconstruction du corps blessé et mutilé. Le cadre sécurisant et progressif des soins psychiques permettra de traiter le psychotrauma, la dépression, les idées suicidaires, de rétablir une parole, de réinvestir le corps. Le groupe thérapeutique de parole et/ou à médiation artistique pourra contribuer à mettre des mots sur le vécu et aidera à la restauration du lien à l’autre.
Parfois la situation se complique d’une maternité, désirée ou pas. Il faudra alors tenir compte de l’interaction mère-bébé dans les soins et tenter de prévenir la transmission générationnelle des traumatismes.

Quelles actions pouvons-nous engager et soutenir ?
Prendre conscience et prendre en compte la violence subie, améliorer les conditions de leur hébergement, leur offrir un espace de lien et de réconfort social, leur parler dans leur langue à l’aide d’un traducteur professionnel, les accompagner dans leur prise d’autonomie.

À plus grande échelle, se former à l’accueil et l’accompagnement des femmes en exil, soutenir et promouvoir l’égalité des genres partout dans le monde.

 

L’égalité des genres est l’affaire de tout le monde


La Fondation Aga Khan (AKF) milite depuis de nombreuses années en faveur de l’égalité des genres et de l’égalité des chances pour les femmes et les hommes dans tous les secteurs dans lesquels elle travaille.Directrice monde pour l’égalité des genres à la Fondation Aga Khan, Gulnora Mukhamadieva explique que de nombreux pays sont en train de régresser eu égard à l'égalité des genres. Elle affirme que, même s'il faut être patient et tenir compte des énormes évolutions que cela implique, il faut réfuter l'idée fausse selon laquelle l'égalité des genres est un concept « occidental ».

 

Lisez l'entretien avec Gulnora sur le site d'AKDN.


 
 


 
 

Women in exile

On the occasion of World Refugee Day

June 20, 2023

Women account for half of the world's displaced persons. This proportion has been confirmed over the last ten years or so: according to United Nations figures, they will account for 50.5% in 2020. In France, foreign women accounted for 52% of immigrants in 2020, and women accounted for 1/3 of asylum applications registered with OFPRA (the French Office for the Protection of Refugees and Stateless Persons).

The reasons why women go into exile can be very diverse. The most common reasons are armed conflict, where rape is a weapon of war, forced marriages, mutilation and domestic, marital and sexual violence. Exile enables them to escape dangerous situations and to pursue a quest for freedom and self-determination. Women who are educated in their country of origin and have qualifications in a variety of sectors may also have to flee gender-based violence and political repression, either because of the political involvement of someone close to them or because of their own desire for emancipation.

Imprisoned, tortured, raped and mutilated in their own countries, they choose to leave. They know what they are going to lose: their homeland, their family, their language, their culture, their profession, their dreams. They risk their lives to leave, because they want a free life for themselves and for their children.

Throughout their journey, which varies depending on the country of departure, they are exposed to violence. Many of them, if not all, will be subjected to sexual violence by the men on whom they will depend for the journey.

 

Illustration: CENTRE PRIMO LEVI

Once in Europe, a new form of violence awaits them: the precariousness of the street. Even in mixed-sex accommodation, they may be victims of sexual violence. In June 2018, the High Council for Equality between Men and Women recommended the creation of non-mixed-sex accommodation in CADAs and initiated training for the various asylum professionals (CADAs and OFII) on the subject of vulnerability, violence and sexual exploitation. In 2019, 300 new places will be dedicated to women at risk, refugees or asylum seekers. In 2021, the Vulnerability Plan, published by the Ministry of the Interior, will strengthen these provisions. However, this is still not enough.

The asylum application procedure is also violent: during their interview, they will have to prove that they deserve asylum and protection. They have to describe acts of torture or persecution and prove that they would be risking their lives if they returned home. But they are plunged into unspeakable suffering: how can they prove? How can they put into words what they have experienced in their bodies, humiliated, tortured, raped? 28.8% of applications were accepted in 2022 by OFPRA and 21.5% after appeal to the CNDA (Cour nationale du droit d'asile).

These act of violence cause serious trauma.

Specific physical and psychological care is essential, as is social support. Physical pain and gynaecological symptoms require a sensitive and delicate approach to rebuilding an injured and mutilated body. The reassuring and progressive framework of psychological care will enable psychotrauma, depression and suicidal thoughts to be treated, a voice to be re-established and the body to be reinvested. Therapeutic discussion groups and/or arts-based groups can help to put words to experiences and restore the bond with others.
Sometimes, the situation is complicated by pregnancy, whether desired or not. In such cases, care must be taken to insure mother-baby interaction and prevent the generational transmission of trauma.

What action can we take and support?
become aware of and take into account the violence suffered, improve the conditions in which they are housed, offer them a place where they can connect with others and find social comfort, speak to them in their own language with the help of a professional translator, help them to become independent.

More broadly, to provide training in welcoming and accompanying women in exile, and to support and promote gender equality throughout the world.

 

Gender equality is everyone’s business


The Aga Khan Foundation (AKF) has a long history of championing gender equality and ensuring equal opportunities for women and men across all its areas of work. Gulnora Mukhamadieva, AKF’s Global Lead for Gender Equality, explains that many countries are going backwards in terms of their achievements in gender equality. She argues that, while we have to be patient and take account of the huge changes that this requires, we must dispel the misconception that gender equality is a "western" concept.

 

Read her interview on the AKDN website.


 


Cet email vous a été envoyé par l’équipe communication car vous avez souhaité recevoir notre bulletin d’information.

Contact : [email protected]. Copyright © 2023